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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 14&

Il va sans dire que la franc-maçonnerie a tenté de pénétrer dans les syndicats en enrôlant quelques chefs ouvriers. Elle en usa de même avec les univer- sités populaires qui y résistèrent mal (1). Mais les travailleurs, cette fois, étaient avertis. Aussi, à THip- podrome, on a pu voir MM. Pataud et Janvion, aux, acclamations de 6,000 syndicalistes, flétrir congru- ment « le syndicat d'arrivistes du Grand-Orient ».

Le positivisme syndicaliste incline à s'écarter des utopies socialistes. — C'est pourquoi, dès 1876^ M. Vaillant et les communeux réfugiés à Londres^ dénonçaient le premier congrès syndical de la salle d'Arras comme « une espèce d'incorporation du prolétariat français à la société bourgeoise » ; c'est pourquoi, en 4900, M. Jules Guesde disait : « L'ac- tion corporative est une simple interprétation de Tordre capitaliste ».

(1) Ailleurs, avec les 4,500 syndicats agricoles et leurs 800,000^ membres, elle s'y prend autrement. Au Convent de 1905, le F .*. Taillade disait : « Il est une catégorie de syndicats que je crois devoir vous signaler : ce sont les syndicats agricoles... Ils augmentent sans cesse en nombre et en puissance... oii = pourrait les briser ». Et, après quelques hésitations, le Parle- ment a entrepris de les briser. Ces syndicats agricoles, écri- vait dernièrement, dans VÉclair, M. Ernest Judet, « en faci- litant la vente régulière des récoltes, en multipliant les rapports de l'acheteur et du consommateur, en abaissant le prix des engrais, en portant dans les cantons les plus déshé- rités, chez les plus éloignés de tout centre vivant, les meil- leures conditions de prospérité et de vie, ils ont gagné la reconnaissance de tous )). Mais ils sont une force sociale, et donc une liberté qui échappe à la tyrannie et à la corruption politiciennes. Or, toute force sociale, toute liberté positive sont an danger pour le régime parlementaire.

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