Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 143

L'agitation démagogique n'est qu'en surface. Ce sont les meneurs surtout, anciens socialistes pour la plupart, qui l'entretiennent. Nous le savons : il manque au syndicalisme une tête, une direction sage et éclairée.

Les erreurs d'un syndicaliste, qui n'est qu'igno- rant, se peuvent rectifier. Elles se rectifient même spontanément, dans la pratique. Ici, on ne se trouve point devant des appétits inavoués, une ambition de pouvoir ou de richesse, un esprit grisé de logique, mais en face d'une ingénue sincérité et du bon sens. Cela ne résiste point à la leçon des faits, si rude parfois. Déjà, la culture verbale commençait à hé- béter le peuple. Le syndicalisme empêchera ce « sabotage des intelligences ». Que disons-nous? Il convertit les saboteurs. Au congrès de leurs syndicats, à Lyon, les instituteurs ont exprimé des sentiments professionnels inattendus. Ils ont déclaré, entre autres : « Le congrès considère que le syndicat est un moyen de perfectionnement professionnel, que l'un de ses buts, c'est Tacquisition d'une compé- tence technique ». Ce n'est pas, certes, le seul ; mais c'est peut-être le plus signalé service que le syndica- lisme puisse rendre à l'ordre social. Le parlementa- risme, au contraire, se soucie peu des compétences, il s'en méfie même : il ne lui faut que des électeurs. Ce sont les nombres qui s'additionnent dans les scrutins, et non les valeurs qui s'estiment. Il per- suade aux citoyens qu'ils n'ont que des droits, et par là il énerve et abrutit. Le syndicalisme, même dans sa confus^!on présente, édicté quelques devoirs. S'il