Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

I

142 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

dent d'agir directement, les travailleurs s'organise- ront. En s'organisant, ils deviendront une force, — et toute force, parce qu'elle implique une responsa- bilité, est créatrice d'ordre.

Puisque le prolétariat veut enfin s'incorporer à la société, il créera ses institutions de libertés posi- tives, — et en s'organisant non en s'opposant, en, travaillant non en détruisant. La vérité essentielle' du syndicalisme^ c'est que, rompant avec tout parle- mentarisme, il accepte les responsabilités de Faction directe, et ses leçons. Ainsi, il ne peut manquer de se pénétrer de la nécessité de Tordre. Après s'être aperçu, comme le disait Jules Guesde au Congrès socialiste de Nancy, que prétendre transformer le monde avec le boycottage, le sabotage et les grèves est « souverainement ridicule », il se demandera s'il est indispensable de transformer le monde so- cial avant d'en avoir extrait toute la prospérité, la liberté et la force qu'il peut produire par une meil- leure ordonnance et une plus ferme direction.

Au fond, le syndicalisme n'est rien moins que ré- volutionnaire. La sainte horreur du « corporatisme » qu'éprouve M. Caillaux s'explique (1). Le « corpora- tisme » est, en effet, une profonde réaction organique, et d'abord contre le parlementarisme dissolvant.

(1) Ce n'est point que ce bon bourgeois soit un farouche vandale ; mais il est de ceux-là qui, pour être ministres du- rant quelques lunes, voire même conseillers municipaux, mettraient le monde sens dessus dessous, à feu et à sang. Le parlementarisme met des torches et des pistolets chargés aux mains de tous ces enfants terribles.