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138 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

\ail industriel. Mais la confiance en soi n'en est paj moins une vertu pratique.

C'est surtout M. Georges Sorel, ingénieur dej ponts et chaussées en retraite, qui a émis ces pré tentions excessives pour les syndiqués, qui n'en de- mandent pas tant. Dans l'atelier réorganisé, il voit h science, l'art, la politique, la morale, toutes les pen- sées, toutes les activités, tous les sentiments s'en-j gendrant. Mais la société fonctionne aussi bien en vue | de la consommation que de la production, comme l'a fait remarquer M. Gide. Elle vit aussi pour elle- même, pour sa plus grande expansion de vie. Pro- duire n'est pas la plus haute expression humaine. L'atelier ne résume pas toute la vie sociale, — même celle de l'ouvrier. Il y a l'intimité familiale, il y a la sociabilité. Il y a aussi la Patrie.

Dans nos anciennes républiques communales, les municipalités étaient parfois administrées par les corporations. C'est que les fonctions sociales étaient alors moins différenciées, c'est que la société était moins complexe. Aujourd'hui, la corporation se doit spécialiser plus nettement. Il n'y a maintenant que 41 millions de salariés, dont 6 millions d'ouvriers] industriels. Cela vaut bien les 2 ou 3 millions d'élec- teurs, au nom desquels la majorité ministérielle, par la grâce du suffrage universel, — la plus grande mystification politique qui ait jamais été osée, — i pille la France et houspille les Français ; mais, tout^ de même, ce n'est point la société entière.

Si le syndicalisme s'exagère son rôle, cela tient probablement à ce qu'il est le seul groupe social qui