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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 135

vegarde. Sans elle, nous ne sommes que des pas- sants hagards qui se déchirent, des fantômes errants. Elle est aussi nécessaire à notre raison qu'à notre cœur. « Une telle union avec le sol tend à rectifier, dit A. Comte, ou même à prévenir les divagations spontanées de notre intelligence, en la disposant da- vantage à la subordination normale du subjectif envers Tobjectif. Nous apprécions ainsi, d'une ma- nière plus complète et plus familière, l'immuabilité essentielle de Tordre extérieur et notre intervention accessoire. Même le langage et par suite l'art se trouvent dès lors modifiés heureusement en nous rattachant mieux au monde comme à THumanité ».

La Patrie est le principe de toute organisation po- litique. C'est sa constitution qui mit fin au vagabon- dage grégaire, qui reparaîtrait si elle se décomposait. Il n'y a pas de société sans organisation, c'est-à-dire sans des organes et des fonctions se rapportant à un corps défini.

Quand on détruit les catégories naturelles, on est amené à en susciter d'artificielles, car elles sont aussi indispensables à la pensée qu'à l'action. Mais les dernières ne se peuvent maintenir, et elles sont nocives. La lutte de classe est évidemment absurde, mais elle résulte nécessairement de l'utopie révolu- tionnaire.

Ils nient la Patrie par horreur de la guerre, disent- ils ; mais aussitôt ils engagent la guerre atroce, con- stante et confuse de tous contre tous, celle-là même où le prolétariat producteur perd tout, sans recours. Ils oublient que, pour les nations organisées, la