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134 PREMIÈRE PARTIE — L\ CRISE ÉCONOMIQUE

Rien n'est dans rien. L'Humanité n'est rien sans ses parties organiques : les Patries. De même, la Pa- trie ne serait rien sans les Familles. Ce n'est pas avec des mots que se construisent les grands édifices hu- mains, mais avec la pierre des réalités positives et le ciment de Tamour.

Les choses ont une âme qui s'est formée de nous comme notre âme se forme d'elles. Nos ancêtres ne revivent pas seulement dans nos meilleurs instincts, dans notre subconscient, mais encore dans la nature qu'ils ont corrigée pour leurs plaisirs ou leurs conve- nances, dans les monuments qu'ils ont construits, dans l'expérience qu'il nous ont transmise. Tout cela établit entre nous et la Cité des liens qu'on ne rompt point sans trouble.

Car ce qui vit le plus en nous, ce sont nos morts. Les nier, biffer nos traditions, c'est nous vider de notre sève, arracher nos racines. Nous ne sommes animés que de ce qui fut, nous ne sommes construits qu'avec les matériaux du passé. Et l'avenir même n'a pas de signification s'il n'est le prolongement continu de ce qui a été et de ce qui est.

Les sentiments familial et régional ont une ten- dance fâcheuse au particularisme. Quant à l'idée d'Humanité, elle n'a pas encore assez de substance pour éviter le vague et la dispersion. Le patriotisme, au contraire, est un centre d'énergies morales d'où rayonnent toutes nos activités sociales.

La Patrie, c'est la terre des pères, c'est l'âme col- lective de tous les morts que nous portons en nous, c^est le capital moral de notre civilisation, et sa sau-