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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 13^

Anatole France et Hervé ne sont point des ouvriers. Ce dernier, qui paraît sincère, c'est à la Sorbonne qu'il s'est dressé à déraisonner. Jamais un prolétaire^ d'âge mûr, si anarchiste qu'on le suppose, n'eut Tes- prit aussi complètement, aussi irrémédiablement faux. Outre certaines prédispositions morbides, il y faut pour le moins l'agrégation de philosophie ou (^'histoire. D'autre part, l'antimilitarisme de fait qui se pratique en haut est bien plus inquiétant. Tâ- chons de faire entendre raison — et sévèrement — aux nigauds qui blasphèment la Patrie ; mais aussf^ soyons moins indulgents pour ceux qui l'ont démo- ralisée, affaiblie, ruinée, et qui la livrent.

Il n'y a pas plus militariste de tempérament que le militant syndicaliste. L'obéissance des « hommes» de M. Pataud agace ceux qui ont à en pâtir : à une époque d'insubordination générale, elle devrait nous> émerveiller. La discipline fait la force principale des armées et des syndicats, — de toute action sociale. Félicitons-nous donc que, dans les Bourses du tra- vail^ on apprenne à se soumettre au sentiment col- lectif et à coordonner ses efforts. Cela ne se perdra point. C'est l'essence même du militarisme. C'est bien plus propre à forger des âmes de soldats que les- grotesques bataillons scolaires et les insipides ma- nuels civiques de la République prépanamique.

L'Humanité suppose la Patrie, comme celle-ci la^ famille. Auguste Comte, qui voulait « régler des aspirations trop vagues à l'association universelle », disait : « La Patrie, prélude nécessaire et soutiers continu de l'Humanité ».