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128 PREMIÈRE PARTIE — L\ CRISE ÉCONOMIQUE

lii»'(Mice et au progrès dos métiers est bien plus grave. Rien de plus triste, de plus alarmant aussi, que Touvrier qui a le dégoût de son travail, qui s'avilit volontairement dans son œuvre. Mais quelles excuses il al...

S'il ne travaille plus « en conscience », comme on dit encore, bellement, dans Timprimerie, c'est que, dans un désordre industriel inouï, on a pu lui im- poser le travail aux pièces, de camelote, de surex- ploitation, où il n'est plus qu'une machine sans pen- ser et une bete surmenée.

Le travail est devenu une chose qui se paye. San& plus. Le salaire donné et reçu, on est quitte. Pas d'autres rapports plus humains, pas d'autres devoirs qui unissent. De part et d'autre, oti ne cherche, aprement, qu'à donner le moins pour recevoir le plus. Aucune sécurité. Tant pis pour l'ouvrier, si le chômage l'affame, si la maladie Tabat, si la vieillesse survient. Et donc, tant pis aussi pour le patron, si la grève et le sabotage le ruinent, si une bombe fait sauter sa maison...

On a éteint les étoiles, tari les sources suaves de consolations et d'espérances et on a abandonné le prolétaire dans la nuit de son enfer terrestre. Par compensation, on Ta délié des obligations morales ^ dans l'accomplissement desquelles il puisait ses forces vives et ses joies humaines. On ne lui a plus permis que les assouvissements de la brute. Et puis, en face des coffres-forts rois et dieux, l'âme vidée, on l'a proclamé libre...

Au regard de cette folie et de ce crime, que sont