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124 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

rent la faculté qui leur était offerte de « s'émanciper^ du patronat et du salariat ». Leurs raisons furent des meilleures, puisqu'elles invoquèrent surtout Tincon- vénient de confondre les organes et les fonctions, laa nécessité d'une hiérarchie sociale, Tincompétence de direction et de responsabilité économique des ou- vriers, l'utilité grande de conserver, en le déchar- geant du souci des affaires, un prolétariat désinté- ressé et généreux. Il faut lire là-dessus les protesta- tions des syndicats : jamais le salariat, et conséquem- ment le patronat, ni les principales conditions de l'ordre social, n'ont été mieux défendus.

Sans doute, pour rester u rouge », il fallut bien entourer cette éminente sagesse de hors-d'œuvre ré- volutionnaires, et l'on n'y manqua point. On fournit, en outre, quelques prétextes qui se peuvent résumer | par cette déclaration de M. Griffuelhes : « Toute ré- forme qui tend à diminuer l'esprit de lutte est com- 1 battue par nous ». Mais, précisément, le syndicalisme i ne se lasse point de réclamer des réformes partielles ;| Augmentation de salaires, diminution des heures de travail, repos hebdomadaire, etc.. D'autre part, le j projet de loi en question n'était pas un palliatif qui pouvait affaiblir l'esprit de lutte, mais une liberté po- sitive qui ne pouvait que l'alimenter en favorisant une transformation sociale considérable, et celle-là même que les syndicalistes, dans leurs discours, si- non dans leurs actes, prétendent poursuivre : la sup- pression du patronat et du salariat.

C'est qu'il faut bien discerner, dans le syndica- lisme qui se cherche, l'esprit que découvre l'action