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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 123

Le syndicalisme reconnaît bien les nécessaires ca- tégories sociales. Les fonctions sociales ne se divi- sent point pour se combattre, mais pour concourir mieux à la fin commune. Loin d'accuser un antago- nisme quelconque, cette différenciation renforce la solidarité. La « lutte de classe » doit nécessairement aboutir à l'absorption de toutes les classes dans la confusion générale. Rien de plus contraire au véri- table syndicalisme.

On le sait, la plupart des grèves ont pour but une augmentation de salaires. Or, élever le salaire, c'est évidemment fortifier le salariat. C'est le capitalisme organisé, invincible, ce sont les trusts qui allouent les plus gros salaires.

Il y a quelques années, trop imbu d'idéologies sans doute, nous avions proposé aux syndicats un moyen sûr d'éliminer le salariat en conquérant l'in- dustrie et le commerce : il s'agissait simplement de concurrencer le travail salarié par le travail gratuit dans des ateliers de chômage. C'était du proud- honisme simplifié. L'idée des ateliers de chômage n'eut pas plus de succès que celle de la Banque du peuple. Il faut s'y rendre. L'ouvrier est meilleur juge de ses propres possibilités et de ses compétences que n'importe quel théoricien.

Le projet de loi Waldeck-Rousseau, qui accordait aux syndicats la personnalité civile et morale avec le droit d'ester en justice et de posséder, fut plus mal accueilli encore. Avec un sens social admirable et une humilité touchante, presque tous les syndicats^ même les plus révolutionnaires d'expression, refuse-