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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 119

publiques, et qu'il n'imaginait point nettement la portée du courant qu'il contribuait à déterminer. Il est probable que les chefs de la C. G. T. ne sont guère plus avancés et qu'ils contresigneraient la dé- claration de Pelloutier, mais la pratique les engage dans une autre voie, et cela suffit.

Ne confondons point. Les chefs ouvriers, pris parmi les plus énergiques, comme il convenait pour la période d'installation, mais non parmi les esprits les plus pondérés et les plus mûrs, sont presque tous d'anciens révolutionnaires qui ont conservé leurs préjugés et leur phraséologie d'antan. L'expérience leur montrera que leurs violences et leurs discours vont contre leur action d'éducation et d'organisation.

Le syndicalisme est une philosophie de l'action sociale, et toute action, pour des praticiens, est édu- cative.

M. Hubert Lagardelle nous dit que « le syndica- lisme français est né de la réaction du prolétariat contre la démocratie », — entendons le parlementa- risme. Ce n'est pas sa seule réaction.

Ainsi, il réagit contre ce qui menace le plus la ci- vilisation française, le socialisme collectiviste, non seulement parce que le socialisme est un parti prêt à exploiter l'État au profit de ses clients, mais encore parce qu'il est une utopie décevante, une rêvasserie de paresseux. « Plus de dogmes ni de formules, nous dit encore M. H. Lagardelle, plus d'incursions vaines sur la société future ; plus de plans compendieux d'organisation sociale ; mais un sens de la lutte qui s'avive par la pratique, une philosophie de l'action