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118 PREMIÈRE PARTIE — LA GRISE ÉCONOMIQUE

Conclusion: 196 adhérents avaient droit exacte-- ment au même nombre de voix que 2,697 autres.

C'est précisément de ce juste mépris des majorités i qu'il faut louer le syndicalisme. Rien ne montre! mieux combien il est antiparlementaire, c'est-à-dire • profondément organique.

La C. G. T. est bien une dictature ouvrière. Dic- tature incohérente encore, peu éclairée, mal exercée? ! — Là n'est pas la question. Une dictature se redresse, un parlement ne peut que s'enfoncer toujours plus dans la démagogie. On peut être assuré que les vices, les ignorances, les maladresses de la C. G. T., — qui sont graves, certes, — tiennent en grande partie à ce qui subsiste chez ses militants de superstition majoritaire, à la timidité d'une dictature qui n'ose s'avouer.

On nous dira que les chefs de la C. G. T. sont des révolutionnaires et des anarchistes et que leurs ten- dances sont au contraire contenues par la majorité plus modérée. C'est une erreur. Un prolétaire in- struit par la pratique, qui prend la direction d'une entreprise, qui assume une responsabilité, quelles que soient ses opinions préconçues, est toujours un prudent empirique.

F. Pelloutier, qui fut le fondateur de la Fédéra- tion des Bourses du travail, disait : <c Nous sommes les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c'est-à-dire des lois et des dictatures, y compris celle du proléta- riat ». C'est qu'il ne se détmissait pas sa propre pensée, embrumée par l'atmosphère des réunions