Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

116 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

gères. Nul doute qu'il ne s'en dégage pour peu qu'on lui tacilile cette opération.

Tout en restant très idéaliste, l'ouvrier croit se donner une apparence « scientiiique » en affectant un économisme étroit et dur et un grossier matéria- lisme. Ce n'est qu'une attitude.

La (( lutte de classe », c'est du marxisme alle- mand. Or le syndicalisme est bien français. Il y a là un élément étranger qu'il ne s'assimilera jamais. Les collectivistes fuient d'abord les adversaires déclarés du syndicalisme. Ils ne l'ont accepté, en rechignant, que lorsqu'ils en furent débordés dans les congrès, et avec Tintention évidende de l'infecter de leurs idées et de l'utiliser pour leur politique. Le collecti- visme, suivant M. Jaurès, c'est la démocratie (au sens quantitatif) sociale s'ajoutant à la démocratie politique; et le syndicalisme, essentiellement quali- tatif, est précisément tout le contraire : l'organisa- tion sociale absorbant l'élément désorganisateur qu'est le parlementarisme. Les syndicalistes veulent: secouer le joug de la foule, du nombre amorphe et passif. Ils n'admettent que les corps constitués. La C. G. T. est une dictature. Nous savons bien qu'ils en sont encore à a la socialisation des moyens de production », à « l'atelier sans maître », et autres balivernes socialistes ; mais puisqu'ils ont reconnu déjà l'absurdité du suffrage universel, qui est « le communisme du pouvoir politique », comme le dit M. Jaurès, ils ne peuvent point ne pas reconnaître l'absurdité du communisme économique, qui serait le suffrage universel à l'atelier, la généralisation du