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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 115

famille fortement constituée, c'est déjà, pour lui, un État dans TÉtat.

Voyez Clemenceau. Un jour, dans l'opposition (de personnes, non de principes), il écrit : (( Chez nous, le syndicat ouvrier se trouve en présence de deux partis : Tun qui favorise son éclosion et veut lui assu- rer la liberté nécessaire (c'est le parti avancé, allant du simple radical au socialiste révolutionnaire), l'autre qui lui suscite tous les obstacles, ferme les Bourses du travail, expulse les syndiqués, les frappe spécialement en temps de grève (c'est le parti gou- vernemental, exécuteur hypocrite des haines réac- tionnaires) )). Plus tard, au pouvoir à son tour, il s'aperçoit qu'une organisation, si fragile et hési- tante qu'elle soit, est un obstacle à la décomposi- tion parlementaire qu'un ministre doit favoriser, — et il n'en veut pas, il n'en peut vouloir.

Le socialisme lui-même s'opposera à toute orga- nisation, quand il sera le parti gouvernemental. Un de ses meilleurs penseurs actuels, M. Georges Sorel, nous le dit : « Le parti a pour objet, dans tous les pays et dans tous les temps, de conquérir l'État et de l'utiliser au mieux des intérêts du parti et de ses alliés ».

C'est pourquoi il nous faut admirer le sens pra- tique du prolétariat syndical, dont l'intuition s'est élevée à hauteur de génie social quand, en 1894, il s'est définitivement détaché du socialisme.

Il n'est pas contestable que le syndicalisme est troublé par d'énormes et dangereuses erreurs. Mais, à Texamen, on reconnaît qu'elles lui sont étran-