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114 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

Mais le syndicalisme ifen est pas resté à celte neutralité indifférente. L'instinct prolétarien est sûr. Le syndicalisme est maintenant vigoureusement antipoliticien, antiparlementaire. C'est donc qu'il a pris conscience de sa nature organique et de sa mission positive.

La grande tourmente révolutionnaire avait em- porté, avec quelques abus, les plus solides institu- tions de la société française. Sur ces ruines, peu à peu, tous les abus ont reparu, avec beaucoup d'au- tres; mais non les institutions. Plus d'abri pour le travail ; et sous prétexte de liberté, plus de possibi- lité d'agir, — sauf pour l'argent. Car si la Révolu- tion a supprimé les corporations, c'est pour per- mettre les puissants et funestes syndicats d'agiotage et d'exploitation.

Le gouvernement qui n'est plus l'administrateur impartial de la nation, le protecteur des libertés, mais la chose d'un parti victorieux commandité par la haute finance et à son service, le gouvernement ne supporte plus, au-dessous, qu'une multitude d'individus épars. Ainsi, les organisations que n'avait pu détruire d'un coup la rafale révolution- naire ont été dissoutes peu à peu par les gouverne- ments monarchiques ou républicains qui se sont succédé depuis. La famille elle-même, en ces der- niers temps, a été attaquée. C'est que toute organi- sation est une force, toute force une possibilité d'agir, donc une liberté, et qu'un gouvernement faible et corrompu, quoique tyrannique et irresponsable, ne ' se peut maintenir contre aucune liberté réelle. Une