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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME ^9

suffira; à défaut, la commune (1). L'État ne doit intervenir que dans les cas exceptionnels.

Mais les besoins sont pressants. C'est immédiate- ment qu'il faut secourir les vieux travailleurs sans gîte et sans pain. Soit. Faisons tout ce qu'il est pos- sible. Mais il faut qu'on sache que tout cet empi- risme, en dehors de l'ordre essentiel, ne fait qu'ac- croître le mal.

Nous avons parlé du déclin de l'apprentissage. ■ • Le mal est encore plus grave qu'on ne le suppose. En lui apprenant un métier et en le maintenant dans

(1) La commune de Fort-Mardick, près Dunkerque, a con- servé une de ces coutumes qui faisaient la prospérité de l'an- cienne France. Chaque habitant qui se marie reçoit, en usu- fruit, 24 ares de terrain. Gela suffit pour retenir les gens au pays, les engager à se marier tôt et à avoir beaucoup d'enfants. La population est joyeuse et saine. Elle est assurée contre tous les risques sociaux, et chaque famille a son foyer.

Ce serait un système à généraliser en France, pour le mil- lion de familles rurales pauvres qu'on y compte. Il faudrait donc seulement une surface égale à celle du département de la Seine, soit un territoire de 40 kilomètres de rayon, bien en- tendu distribué par portions dans toutes les communes. Cela coûterait beaucoup moins cher que toutes les assistances, hos- pitalisations et retraites, et serait vraiment efficace contre le paupérisme, la criminalité des villes, le fonctionnarisme, la dépopulation, voire l'alcoolisme, la syphilis et la tuberculose...

Mais on peut être assuré qu'il ne sera rien tenté en ce sens. Les coutumes de Fort-Mardick sont bien plus anciennes que notre régime électoral. Aujourd'hui, on ne les laisserait pas s'établir. Peut-être même la publicité qu'on leur a faite leur sera-t elle fatale. On sait que les biens communaux tendent plutôt à disparaître, et ce n'est point spontanément. Les poli- ticiens ont besoin, pour se maintenir au pouvoir, d'électeurs dissociés, vivant de mendicité légale, quémandeurs de spor- tules.