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CHAPITRE ÏV — LE SYNDICALISME 9^

Quant à ceux qui ne s'enrôlent pas dans les bandes d'apaches, ils augmentent silencieusement la cohue formidable des inemployés, sans-métiers, tri- mardeurs, du résidu, — du quint-état en un mot, — qui accumulent leurs désespoirs, leurs souffrances et leurs haines, en attendant Theure tragique de l'ex- plosion, où tout se payera : Tégoïsme féroce de la bourgeoisie, la niaiserie veule du prolétariat, la cor- ruption des dirigeants, l'infamie de tous, et le reste...

Est-ce à dire que les lois ouvrières sont la cause de ce qu'on a appelé la crise de Tapprentissage? Non pas. Elles ne sont que des effets, les expédients pour suppléer tant bien que mal les groupes sociaux que la Révolution a dissous.

On a dit que le machinisme a nécessité une forme d'apprentissage que les corporations n'ont pas con- nue. On en a conclu que la crise de l'apprentissage se fût produite, même si les travailleurs étaient restés organisés. C'est oublier que les groupes sociaux sont toujours assez souples pour s'adapter aux conditions nouvelles. Ce sont les mécanismes législatifs qui manquent de souplesse, non les libertés organisées.

Peut-être, le développement monstrueux de l'in- dustrialisme, qui s'est fait en broyant des vies d'en- fants et des âmes de femmes dans l'engrenage de ses machines, eût-il été plus lent. La civilisation vraie n'y eût rien perdu. L'industrialisme effréné, au prix qu'on sait, peut exciter l'imbécile admiration des Homais, Bouvard et Pécuchet, au fond il n'est qu'un retour déguisé à la plus dure barbarie.

Il n'y a plus d'apprentis, il n'y a plus d'apprentis-