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^2 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

journée réduite à dix. heures et leur salaire diminué ■ d'autant. De leur côté, les patrons éprouvaient de ce fait une perte assez sensible. C'était amener, dans la^l plupart des industries, la suppression totale des i apprentis que les chefs d'atelier et d'usine se hâtaient • de congédier ».

Un législateur, M. Modeste Leroy, avait déjà signalé cette conséquence fâcheuse de la loi du 30 mars 1900.

Et ce n'est pas tout. Cette conséquence en entraîne d'autres auxquelles on était loin de s'attendre. Der- nièrement, M. Paul Bourget nous rappelait ce pas- sage de Llndividu contre l'État, d'Herbert Spencer : « La théorie d'après laquelle le politicien travaille habituellement, c'est que le changement opéré par sa mesure s'arrêtera au point où il veut qu'elle s'ap- plique... Ce politicien pratique ne songe jamais aux résultats généraux qui doivent nécessairement se produire. Contemplant uniquement les effets du cou- rant produit par ses propres lois, et ne voyant pas que d'autres courants déjà existants suivent la même direction, il ne lui vient jamais à l'idée que tous ces courants peuvent s'unir pour former un torrent qui change la face des choses ». -

Puisqu'on ne fait plus d'apprentis, que deviennent les jeunes gens qui ne trouvent plus à s'employer ré- gulièrement? Ce sont les statistiques qui répondent, avec l'accroissement rapide, constant de la crimina- lité juvénile, la proportion énorme, toujours grossis- sante, parmi les délinquants, des manœuvres, jour- naliers, sans profession, qui n'ont pu apprendre aucun métier.