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86 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

Il y a 60 grandes Fédérations corporatives, avec 2,500 groupes. Les plus puissantes, dont les budgets dépassent de beaucoup celui de la Confédération, sont celles du Bâtiment, avec 210 syndicats; du Livre et de la Métallurgie, avec, chacune, 180 sections ; du Textile, avec 115 syndicats, etc.. 11 y a enfin 3 syn- dicats nationaux, dont celui des chemins de fer compte 178 sections avec 48,000 membres.

Voilà les forces qui menacent TÉtat bardé de fer et d'or ! En 1903, nous eûmes Toccasion d'en parler au plus notoire de nos dirigeants, qu'on pouvait supposer alors le plus compréhensif de nos politi- ques. Mais cet homme d'État n'était préoccupé que du cléricalisme. Les syndicats le faisaient sourire. Les hommes d'argent, les dilettantes, les politiciens, qui ne savent que compter, pirouetter, jouir et cor- rompre, ne s'aperçoivent des grandes forces d'idéal que lorsqu'elles les écrasent. C'est peut-être qu'il faut, pour la régénération d'un pays, qu'ils soient écrasés.

L'action du syndicat est multiple, complexe. Elle est immédiate et lointaine, en surface et en profondeur, offensive et défensive, inconsciente et consciente, théorique et pratique, destructrice et créatrice, empi- rique et utopique, dissolvante et organique...

D'abord, elle tend à substituer au contrat indivi- duel le contrat collectif. Ce n'est plus lindividu pressé par le besoin qui débat le salaire avec le riche patron ou la compagnie anonyme, c'est le groupe organisé des solidarités professionnelles» Ainsi, nous dit Charles Gide, « le taux des salaires