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positives, qui invoque l’intérêt général continu, est donc battu fatalement tant que les cruelles leçons de l’expérience ne viennent pas l’appuyer.

L’Humanité n’avance que portée sur un fleuve de larmes et de sang.


XXX. — L’anarchie universelle.


Les habituelles divagations de l’intelligence ont fini par dépraver les sentiments, et il en est résulté dans la conscience sociale une perturbation que Comte pouvait dénommer déjà la « démence occidentale ».

Pour ce qui concerne ses affaires privées, dans tout ce qui reste en dehors du département de la psychose collective, chacun raisonne, sent et agit sainement. Le plus sot utopiste gère ses biens avec prudence, il veille à leur concentration et ne songe nullement à les mieux répartir entre les siens, il respecte pratiquement les compétences, à tout le moins dans son métier, et les situations acquises, à tout le moins la sienne ; il reconnaît implicitement, par sa conduite habituelle, que toute entreprise exigeant une collaboration doit être dirigée par une tête ; il n’instaure pas le parlementarisme dans son ménage ; — bref, il marche avec ses pieds, œuvre avec ses mains et pense avec son cerveau.

Mais dès qu’il s’agit des affaires publiques, toute sa raison chavire. Dès lors, rien n’est stable. Tout le monde social lui apparaît comme une fantasmagorie de ses désirs ou de ses répulsions. Il