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34 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

C'est ainsi que le romantisme littéraire, l'idéologie révolutionnaire ont exalté l'égolâtrie des lettrés. Tout lycéen qui n'est pas absolument crétin — et encore ! — ne vise rien moins qu'à être chef d'école. D'instinct, il se prononcera donc contre une doctrine qui replace hommes et choses à leur rang.

Même pour les esprits plus sérieux, le positivisme ne laisse point d'être gênant. Comment s'y distin- guer? Par exemple, pour un savant, comment accep- ter la classification des sciences ? Les physiciens ne veulent pas être au-dessous des biologistes, et ceux- ci, des sociologues. Tout dernièrement encore, un périodique, en quête d'un programme pour donner corps à des intentions contradictoires, lança la « biocratie ». Rétrogradant d'un siècle, jusqu'à Ca- banis et Gall, l'inventeur se croit un savant et un homme d'avant-garde. Ainsi de tant de théories, plus ou moins scientifiques, qui s'allument au firma- ment du battage pour s'éteindre après un engoue- ment éphémère.

Au reste, les purs savants, avec non moins d'ar- deur malévole, participent à la résistance. Car la science est de lois non de faits, comme Ta montré Comte en nous invitant à « élaguer beaucoup d'acquisitions oiseuses ». Et ces acquisitions aussi futiles que fugaces, c'est le pain quotidien, la raison d'être de tous ces manœuvres de laboratoiie, les places, les titres, l'Institut, et — gloire ! — un pi- quet d'infanterie pour être conduit au cimetière !

L'hostilité la plus légitime, certes, et la moins nocive, parce que la plus franche, c'est celle des ca- tholiques.

Sans doute, nul n'a magnifié l'Église comme