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20 UN MAÎTRE I AUGUSTE COMTE

semble de la vie humaine », il répétera jusqu'à son ultime souffle, en invoquant sa Clotilde, et vraiment sienne puisqu'il l'avait recréée dans la vaste et pro- fonde matrice de son âme féconde : « On se lasse de penser et même d'agir, jamais on ne se lasse d'ai- mer. . . Il est encore meilleur d'aimer que d'être aimé ; des cœurs étrangers aux terreurs et aux espérances théologiques peuvent seuls goûter pleinement le vrai bonheur, l'amour pur et désintéressé dans lequel consiste réellement le souverain bien que cherchè- rent si vainement les diverses philosophies anté- rieures. »

En se voulant digne de l'angélique figure de Clo- tilde que son imagination a dessinée, il se spiritua- lisera jusqu'à réduire les exigences matérielles au strict minimum. Il fut un génie, un héros : il va devenir un saint. 11 sera hors du monde vivant, déjà incorporé à l'humanité qu'il a enrichie d'un apport considérable. La grande sainte Thérèse disait : « A la mort, il ne nous reste que ce que nous avons donné. » De Comte, il reste tout, car, le 5 septembre 1857, quand il s'éteignit, il avait tout donné de son être.

Après avoir décrit les phases du culte quotidien, les évocations, les hallucinations provoquées pour faire réapparaître Clotilde, M. Georges Dumas ajoute : « Ce qu'il cherchait dans son culte quoti- dien, c'était, disait-il, le perfectionnement de son âme ; il voulait se rapprocher de Clotilde en deve- nant meilleur, en développant sous son influence de mère, d'épouse et de fille, ses sentiments de respect pour les supérieurs, d'attachement pour les égaux, d'afl'ection pour les faibles ; pour être plus près de