Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 15

cené ; mais toute l'économie nerveuse fut boule- versée en même temps par la trahison de Mme Comte, qui abandonna son mari pour aller rejoindre son an- cien amant, M. Cerclet, directeur du Producteur, lequel avait été un des témoins à son mariage.

La crise de manie aiguë qui en résulta dura jus- qu'en janvier 1827. Esquirol l'avait jugée incurable. Mme Comte, ayant retiré son mari de l'asile, le soi- gna avec un louable dévouement et le guérit. Mais le malade resta quelques mois encore en état de prostration. C'est durant cette période que le déses- poir de ne jamais retrouver la plénitude de ses fa- cultés, de faillir ainsi à la mission qu'il s'est donnée, le pousse à une tentative de suicide. La honte qu'il en eut ensuite détermina une heureuse réaction. A la fin de l'année, il reprenait ses travaux. Et, en 1828, il est définitivement rétabli et fait paraître dans le Journal de Paris une lucide critique du livre de Broussais, l'Irritation et la folie, où il utilise sa propre expérience. Dépassant les plus renommés aliénistes d'alors, le premier il inscrit la part des émotions dans l'étiologie des maladies mentales.

Enfin, le 4 janvier 1829, il reprenait son cours, qui ne devait plus être interrompu.

La malveillance du sectarisme ou de l'ignorance a exploité cet accident contre l'homme et son œuvre — sans autre examen. Mme Comte y chercha l'excuse de ses turpitudes. A sa suggestion, Littré déshonora l'austérité d'un patient et probe labeur. Stuart Mill 9 qui ne put jamais se dégager de la mé- taphysique théologico-matérialiste, crut devoir dé- plorer « la triste décadence d'un grand esprit ». Le pédantocrate Joseph Bertrand y trouva matière à