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UNE DIRECTION ! LE POSITIVISME 7

déjà remporté l'année dernière. » A quatorze ans, il n'a plus la foi théologique et, malgré les répriman- des et les punitions, il se refuse aux pratiques reli- gieuses et se déclare républicain.

Avide d'apprendre, il est doué de cette mémoire qui stupéfiait Littré. Sa mémoire, rapporte celui-ci, « était, d'une force prodigieuse ». Et pour les mots, pour les faits comme pour les idées. « Je l'ai en- tendu former le projet d'apprendre l'allemand en prenant un livre et un dictionnaire, et je ne doute point qu'il y eût réussi. Du moins, c'est ainsi qu'il avait appris l'anglais, l'espagnol et l'italien. »

Le plus souvent, et même à un moindre degré, et même quand elle est seulement surexcitée temporai- rement par l'abrutissante pratique des examens, cette facilité purement physiologique est plutôt le lot des cancres et des imbéciles. Chez Comte, ce n'est qu'un instrument précieux que l'intelligence perfectionne toujours en le maniant à son gré.

Il ne fallait pas moins pour s'assimiler aussi rapi- dement tout le savoir humain en y ajoutant une science. Quand il ouvre son cours, il a vingt-huit ans et il est le pair de ses plus illustres auditeurs dans chacune des spécialités qui font leur réputation. On peut déjà dire de lui ce que Fontenelle disait de Leibniz : « De plusieurs Hercules l'antiquité n'en a fait qu'un, et du seul Leibniz nous ferons plusieurs savants. » Il a réuni alors tous ses matériaux à pied d'œuvre. Il n'a plus rien à apprendre : tout est classé, ordonné, composé dans sa tête.

« Ses lectures avaient été faites dans sa jeunesse, dit Littré ; passé cette époque, il ne lut ni ne relut ; et cette provision une fois amassée lui suffit pour