Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE DIRECTION t LE POSITIVISME 127

strueuse collusion avec la politiquerie d'abord et la ploutocratie ensuite. Et il est curieux de noter qu'à son origine même il ne l'évite pas.

Le saint-simonisme n'eût pas été bien loin s'il n'avait été encouragé à ses débuts par de riches banquiers comme Laffitte, Olinde Rodrigues, d'Ei- chtal, Péreire, etc.. Si son influence intellectuelle fut à peu près nulle, par les Dunoyer, Michel Che- valier et autres il favorisa l'éclosion sinistre de l'im- périalisme industriel, qui est le principal fauteur de la guerre dont on ne peut dire qu'elle vient de finir. Saint-Simon lui-même avait fait fortune dans l'agio- tage et en spéculant sur les biens nationaux. Il s'en fallut de peu qu'il achetât ainsi Notre-Dame de Paris. Il avait eu l'idée du percement de l'isthme de Panama, et ce sont ses disciples qui lancèrent le projet du canal de Suez.

Toutes les institutions ont une source sociale, et donc une fin sociale. La propriété comme le travail. Mais nos socialistes ne vont pas jusque-là. Comme les meneurs sont le plus souvent des bacheliers fa- méliques ou férocement arrivistes, qui en font une carrière, c'est dans cette bohème de basochiens, de vétérinaires et de folliculaires qu'on rencontre les plus ardents défenseurs de la propriété littéraire. Cette espèce est communiste pour prendre et farou- chement individualiste pour garder.

Le positivisme, qui ne se préoccupe que du but social, reconnaît l'égale convenance d'émanciper l'intelligence de l'argent en la socialisant et de con- centrer dans les mains d'un patriciat restreint la propriété matérielle pour son plus grand rendement social.