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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 117

y provoquent ». — Ce que les statistiques ont ample- ment vérifié depuis.

Pour sanctifier le mariage plus encore que le ca- tholicisme, Comte conseille, sans les imposer toute- fois, les longues fiançailles, les chastes préliminaires après le sacrement, le veuvage éternel et même la communauté du cercueil.

Enfin, pour superidéaliser la femme, il va jusqu'à imaginer l'utopie, très positive d'ailleurs, de la Vierge-mère, figurée, pour mieux en marquer le ca- ractère purement subjectif, par l'image de Clotilde de Vaux qui n'était réellement ni vierge, ni mère.

Remarquons, à ce propos, que Comte idéalise toujours positivement, c'est-à-dire par soustraction. Jamais par addition.

Proudhon ne le classe pas dans ses « femmelins». Rousseau et les romantiques débrident les sens. Ce qu'ils adorent dans la femme, c'est le sexe. Pour Comte, ce qu'il en glorifie, c'est le cœur. Sa sen- timentalité n'est pas équivoque. Elle discipline et purifie. Elle n'outrepasse pas. L'amour stimule, mais ne dirige point. « Une agitation mystique, dit Comte, entraînerait l'homme et l'humanité à d'éternelles fluctuations ou à des divagations infi- nies. »

Où la femme se corrompt, l'homme se bestialise. Et elle se corrompt dans la foule, dans la poursuite du gain qui l'amène, par tous les détours, sous toutes les apparences, à se prostituer. Le travail sa- larié de la femme est pour celle-ci une déchéance ; pour la société, une décadence. Il est bien fâcheux que les exigences de cette guerre de matériel aient précipité cette chute. Les mœurs s'en ressentent