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UNE DIRECTION ! LE POSITIVISME 113

On ne peut vraiment y voir qu'un prétexte pour dé- ployer leur érudition. Mais à l'heure présente, quelle. sottise !

Car le talent et l'instruction ne suffisent point. Il faut une doctrine, et une doctrine unifiante est un tout, en accord avec nos connaissances et nos aspi- rations. C'est là-dessus qu'on s'appuie pour partir. C'est de là que se forme l'originalité. A remanier, on revient sur ce qui fut gagné péniblement. On recom- mence stérilement. Un peu de réflexion éloigne de la docilité et. de la vénération, mais beaucoup y ramène. « Même chez ceux qui peuvent vraiment apprécier les démonstrations, dit Comte, les moindres dissi- dences suffisent pour neutraliser les principales con- cordances quand la vénération ne vient pas sur- monter l'insubordination. »

Ce que Comte a dit de la propriété et du travail, a fortiori s'applique à l'intelligence : « Sociale dans sa source, elle doit être sociale dans sa destination. » Quand donc elle prétend ne servir qu'elle-même ou ses agents, elle arrache ses racines de l'humus où elle puise sa sève, elle se dessèche et s'effrite.

Pas de force dont l'origine et la nature ne soient plus sociales. Elle est une somme, capitalisée par tout l'effort accumulé des générations précédentes. Réduite aux seules opérations d'une logique person- nelle, elle ne se distinguerait ni de l'instinct ni de l'inconscient (1). Encore lui faudrait-il des mots pour s'exprimer, et toute langue, si rudimentaire

(1) C'est Dada. Mais faut-il prendre au sérieux ces insa- nités ? Dans une certaine mesure, certes. On sait que les simulateurs ne font qu'exagérer leurs paranoïes. A propre- ment parler, il n'y a pas de simulateurs, — même littéraires.