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110 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

isl sa vénalité qui a courbé l'intelligence sous lé joug «lu nombre et de l'argent. Son définitif avi- 58 nent ne sera conjuré que si, par le positivisme, elle accepte la haute mission morale qui lui in- combe.

Dans notre gâchis, tous les égoïsmes « locaux », -à-dire individuels, corporatifs, régionaux, se syndiquant, revendiquent, arrachent des « ré- formes » sur le social. Partis, coteries, associations, fédérations et confédérations, chacun est ligué contre tous et tous contre chacun. Et la civilisation devient une proie offerte. Il n'y a plus d'organe de l'intérêt général : national ou temporel et universel ou spirituel.

Le conglomérat organique que les siècles avaient formé est désagrégé. Il ne reste plus que le primitif instinct grégaire. Le nombre — le plus bas — l'em- porte. Toute coterie surfait ceux qui lui appartien- nent et passe sous silence ou vilipende ceux qui ne suivent point le troupeau bêlant. A ce sujet, rien de plus amusant que de lire les petites revues ou les journaux de partis. Quant à la grande presse, elle est exclusivement au service de la finance.

Ei voici un nouveau « compagnonnage » — non de charpentiers ou d'épiciers, mais d'intellectuels — qui surgit. Il proclame que l'intelligence est en péril. Ce n'est pas d'aujourd'hui. Mais si ces jeunes gens entrent témérairement dans les écuries d'Augias, hélas ! c'est pour en remettre. Voyez plutôt : o L'in- telligence est menacée dans son prestige, disent-ils. Elle est menacée dès maintenant dans ses conditions tence. etc. Une telle situation équivaut à un désastre national. »