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HÉLIKA.

écrasé sous le poids des événements de mon existence, ta franche gaieté est venue m’arracher bien des fois l’amertume qui peut-être eût fini par s’emparer de moi. »

« Tu as été dans la maison la lumière, la joie et la vie, car tu en étais l’âme bénie. Sois donc à jamais heureuse Adala pour tout le bonheur que tu m’as fait. »

« Que ta vie soit aussi calme que la mienne a été tourmentée. Que le ciel t’accorde les trésors de jouissances que je n’ai pas connues. Enfin sois heureuse autant que mon cœur le désire. »

« Aime toujours ta bonne grande maman et prends-en bien soin. Tu sais combien elle s’est dévouée pour toi, mais je connais trop bien ton cœur, cette recommandation est superflue. Oui tu l’aimeras autant qu’elle t’a aimée. »

« Pense aussi quelquefois à ton vieil ami Hélika, donne-lui un souvenir et quand ta voix se mêlera, le soir, à la prière des anges, demande miséricorde pour lui !  !  ! »

« Adieu, Adieu… »
Hélika.

Ici se terminait le manuscrit.

Monsieur D’Olbigny ajouta : « C’est le même jour que nous fîmes rencontre de cette charmante enfant à la décharge du Lac. »

Monsieur d’Olbigny demeura pensif quelques instants. Aux dernières phrases du manuscrit sa voix nous avait paru profondément émue. Nous respectâmes sa rêverie. Du revers de sa main il essuya une larme, puis avec un doux sourire il nous dit : « Si vous le voulez bien, Messieurs, nous allons déjeuner. »

Effectivement l’aurore paraissait, la nuit était passée sans que nous nous en fussions aperçus, tant ce récit nous avait intéressés.

« Et la jeune fille, demandâmes-nous tous ensemble, qu’est-elle devenue ? »

« Son histoire est bien trop longue pour que j’entreprenne de vous la raconter aujourd’hui. Elle se rattache de plus à bien des souvenirs de ma vie qu’il me serait pénible de rappeler en ce moment.

« Si cette narration vous a présenté quelqu’intérêt, je vous réserve l’autre partie pour l’occasion où j’aurai le plaisir de vous revoir. »

Permettez-moi, charmantes lectrices, de vous en dire autant.

C. DeGuise.