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HÉLIKA.

dernière dans mes bras, embrassai la vieille, lui faisant une part de la somme qui me restait entre les mains pour l’aider à vivre pendant les années d’absence que je croyais nécessaires pour terminer l’éducation de mon enfant. Elle avait décidé d’aller demeurer chez les Hurons à Lorette, se réservant toutefois le privilège de venir embrasser sa petite fille très souvent.

Il fallut bien me décider à partir. Avant que de gagner mon embarcation, je fus chez un notaire des plus respectables et fis mon testament en cas de mort, car je ne me dissimulais pas que la poursuite que nous allions entreprendre contre Paulo allait être pleine de périls. J’étais fermement décidé de débarrasser la société d’un tel monstre et de délivrer Adala des dangers qui la menaceraient tant que le misérable existerait.

J’instituai Adala ma légataire universelle, lui nommai un homme de bien comme curateur, donnai une pension plus que suffisante à la vieille. Je laissai pour l’enfant une lettre que la supérieure lui donnerait si je ne revenais pas. Je lui recommandai de prendre bien soin de sa grand-mère et de ne pas oublier dans ses prières celui qui l’avait aimée autant qu’un père.

Je me munis auprès des autorités de tous les papiers nécessaires me permettant de m’emparer de Paulo et de ses complices au nom de la loi, et de les mettre à mort s’il le fallait.

Tous ces devoirs remplis, je m’embarquai pour redescendre.


CHAPITRE XXIII

la chasse à l’homme.


Tout en dirigeant ma barque vers l’endroit où je devais rencontrer mes amis, je suivais tristement le sillon qu’elle traçait et me représentais combien était heureuses ces vagues qui paraissaient remonter, de se rapprocher des êtres chéris que je venais de quitter, pendant que je m’en éloignais peut-être pour toujours.

C’était avec peine que je refoulais au fond de mon Ame, les pleurs qui roulaient s’échapper de mes yeux au souvenir des adieux et de la séparation, séparation qui devait être bien longue.

Pourtant après ces quelques instants d’attendrissement, mon énergie et ma force morale me revinrent.

Ma détermination d’en finir pour toujours avec Paulo se fixa plus inexorable que jamais dans mon esprit. Mes compagnons, j’en étais sûr ne mettraient pas moins d’acharnement que moi à