d’une perche un paquet d’étoupe. Des boules enduites de térébenthine étaient à côté de lui.
Tout en travaillant, on se distribuait les rôles. Bidonne devait grimper dans le haut d’un arbre pour lancer à point nommé la seconde boule préalablement enflammée. La première était réservée au Gascon qui la pousserait à coups de pieds en avant du louche pendant que Bidoune l’empêchait de retourner en arrière avec la sienne en poussant des rires homériques que le pauvre malheureux prenait pour des ricanements infernaux.
Il est inutile de dire que l’étoupe que Bidoune faisait jouer au bout de sa perche et qui laissait tomber des étincelles constituait le globe de feu venant des airs. Une simple figure avait produit la détonation.
La cabane avait été incendiée parce que Baptiste dans la recherche de sa poule y avait découvert les armes et les provisions nécessaires à l’enlèvement. Le canot, soigneusement caché dans les branches, les avirons, la hotte et des cordes y avaient été transportés et le tout avait brûlé ensemble.
Leur plan avait réussi, jamais le louche ne reparut dans ces endroits.
Les trois ombres de la Caverne des fées qui avaient causé tant d’effroi aux braves habitants de Ste. Anne, sont maintenant expliquées.
CHAPITRE XXII
l’hôpital général.
La guerre entre Paulo et mon Adala allait donc se continuer avec plus d’acharnement que jamais. J’avais espéré vainement que la leçon qu’il avait reçue, lors de sa première tentative d’enlèvement, lui aurait profité ; mais puisqu’il redoublait de rage, c’était à moi de pourvoir au salut de mon enfant et de la mettre hors des atteintes de ce tigre à face humaine.
Je dois l’avouer, si j’avais usé de ménagements envers lui, c’est que je me sentais coupable des mauvais exemples que je lui avais donnés et dont il n’avait que trop profité, je lui avais fait dire, combien je regrettais mon fatal passé ; je lui avais même envoyé de l’argent pour qu’il pût vivre honnêtement et abandonner le sentier du crime. Il parut accepter ces conditions et garda la somme d’argent qu’il dépensa en orgies crapuleuses et à préparer des plans diaboliques.