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autres ce qui a été le résultat de ses propres sensations et gouverne ainsi ses rapports avec ses semblables[1]. Il s’émeut du mal d’autrui en pensant à ce qu’il éprouverait s’il souffrait de même. De là lui vient la pitié, la source sensible des vertus sociales : horreur instinctive de sa chair qui tressaille de crainte, et lui enseigne à ne pas faire à autrui ce qu’elle redoute et repousse de toute son énergie ; et comme corollaire enfin, à faire à autrui ce qui lui a paru bon et agréable[2].

L’existence de l’homme à l’état actif n’a que deux termes, deux manières d’être : la douleur et le plaisir. Quand la somme des jouissances, des sensations agréables est plus grande que celle des peines morales et des douleurs, l’homme se considère comme heureux ; il est malheureux

  1. Chacun va répétant que la conscience est innée et a été mise en l’homme pour le guider dans la pratique du bien ; mais, d’un autre côté, chacun sent si bien que la conscience est le fruit de l’éducation qu’on prend le plus grand soin d’en faire une de toute pièce à ses enfants. La conscience, dans l’exagération de ce sentiment qu’on appelle le remords, est bien quelque chose comme la peur de l’inconnu, la plus terrible de toutes les peurs.
  2. Ce sont les âmes souffrantes qui ont la pitié la plus vive. L’enfant est cruel parce qu’il n’a pas encore suffisamment souffert.