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bent à la manière des Stariens, est une réalité bien autrement terrible pour les habitants de Rudar.

Chez les Rudariens, la Mort est véritablement un être vivant et visible ; c’est une espèce matérielle qui a la forme et le volume d’une vessie allongée, pourvue, tout autour de son enveloppe extérieure, de membranes ou de lames pendantes qui lui servent d’ailes. Ces êtres qui n’ont rien de commun avec les autres êtres de ce monde, ni comme organisation, ni comme nature, sont pour l’espèce humaine et le règne animal l’ennemi dévorant et le tombeau de toute vie ; car le seul aliment capable de vivifier et de soutenir l’existence de ces Morts est l’âme des hommes et les forces vitales des animaux, qu’ils ont la faculté d’aspirer, de sucer à distance en enflant leur peau musculaire. Rien que des âmes immatérielles ou des esprits vitaux peuvent les repaître et les sustenter. Quelques-unes de ces Morts, errantes dans l’air brumeux de Rudar, préfèrent pour leur nourriture l’âme des enfants et des jeunes animaux ; celles-ci l’âme des femmes ; d’autres, au contraire, l’âme et les forces vives des hommes au fier courage. Les unes aspirent