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toire de leur vie et celle des vauriens que j’y avais laissés ; comment d’abord ils insultèrent les pauvres Espagnols, comment plus tard ils s’accordèrent, se brouillèrent, s’unirent et se séparèrent, et comment à la fin les Espagnols furent obligés d’user de violence ; comment ils furent soumis par les Espagnols, combien les Espagnols en usèrent honnêtement avec eux. C’est une histoire, si elle était écrite, aussi pleine de variété et d’événements merveilleux que la mienne, surtout aussi quant à leurs batailles avec les caribes qui débarquèrent dans l’île, et quant aux améliorations qu’ils apportèrent à l’île elle-même. Enfin, j’appris encore comment trois d’entre eux firent une tentative sur la terre ferme et ramenèrent cinq femmes et onze hommes prisonniers, ce qui fit qu’à mon arrivée je trouvai une vingtaine d’enfants dans l’île.

J’y séjournai vingt jours environ et j’y laissai de bonnes provisions de toutes choses nécessaires, principalement des armes, de la poudre, des balles, des vêtements, des outils et deux artisans que j’avais amenés d’Angleterre avec moi, nommément un charpentier et un forgeron.

En outre je leur partageai le territoire : je me réservai la propriété de tout, mais je leur donnai respectivement telles parts qui leur convenaient. Ayant arrêté toutes ces choses avec eux et les ayant engagé à ne pas quitter l’île, je les y laissai.

De là je touchai au Brésil, d’où j’envoyai une embarcation que j’y achetai et de nouveaux habitants pour la colonie. En plus des autres subsides, je leur adressais sept femmes que j’avais trouvées propres pour le service ou pour le mariage si quelqu’un en voulait. Quant aux Anglais, je leur avais promis, s’ils voulaient s’adonner à la culture, de leur envoyer des femmes d’Angleterre avec une bonne cargaison