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Après un long séjour en ce lieu, et bon nombre de projets formés pour mon retour en Angleterre, sans qu’aucun répondit à mon désir, le négociant anglais qui logeait avec moi, et avec lequel j’avais contracté une liaison intime, vint me trouver un matin — « Compatriote, me dit-il, j’ai un projet à vous communiquer ; comme il s’accorde avec mes idées, je crois qu’il doit cadrer avec les vôtres également, quand vous y aurez bien réfléchi.

» Ici nous sommes placés, ajouta-t-il, vous par accident, moi par mon choix, dans une partie du monde fort éloignée de notre patrie ; mais c’est une contrée où nous pouvons, nous qui entendons le commerce et les affaires, gagner beaucoup d’argent. Si vous voulez joindre mille livres sterling aux mille livres sterling que je possède, nous louerons ici un bâtiment, le premier qui pourra nous convenir. Vous serez le capitaine, moi je serai le négociant, et nous ferons un voyage de commerce à la Chine. Pourquoi demeurerions-nous tranquilles ? Le monde entier est en mouvement, roulant et circulant sans cesse ; toutes les créatures de Dieu, les corps célestes et terrestres sont occupés et diligents : pourquoi serions-nous oisifs ? Il n’y a point dans l’univers de fainéants que parmi les hommes : pourquoi grossirions-nous le nombre des fainéants ?