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tier. Ils se mirent à l’œuvre sur-le-champ, toutefois moins follement qu’on eût pu l’attendre de leur fureur. Leur premier mouvement fut de se mettre en quête de choses aisément inflammables ; mais après un instant de recherche, ils s’apperçurent qu’ils n’en avaient que faire, car la plupart des maisons étaient basses et couvertes de glayeuls et de joncs dont la contrée est pleine. Ils firent donc alors des artifices en humectant un peu de poudre dans la paume de leur main ; et au bout d’un quart d’heure le village brûlait en quatre ou cinq endroits, et particulièrement cette habitation où les Indiens ne s’étaient pas couchés. Aussitôt que l’incendie éclata, ces pauvres misérables commencèrent à s’élancer dehors pour sauver leur vie ; mais ils trouvaient leur sort dans cette tentative, là, au seuil de la porte où ils étaient repoussés, le maître d’équipage lui-même en pourfendit un ou deux avec sa hache d’arme. Comme la case était grande et remplie d’Indiens, le drôle ne se soucia pas d’y entrer, mais il demanda et jeta au milieu d’eux une grenade qui d’abord les effraya ; puis quand elle éclata elle fit un tel ravage parmi eux qu’ils poussèrent des hurlements horribles.

Bref, la plupart des infortunés qui se trouvaient dans l’entrée de la hutte furent tués ou blessés par cette grenade, hormis deux ou trois qui se précipitèrent à la porte que gardaient le maître d’équipage et deux autres compagnons, avec la bayonnette au bout du fusil, pour dépêcher touts ceux qui prendraient ce chemin. Il y avait un autre logement dans la maison où le Prince ou Roi, n’importe, et quelques autres, se trouvaient : là, on les retint jusqu’à ce que l’habitation, qui pour lors était tout en flamme, croula sur eux. Ils furent étouffés ou brûlés touts ensemble.

Tout ceci durant, nos gens n’avaient pas lâché un coup de fusil, de peur d’éveiller les Indiens avant que de pouvoir