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tement au village, qui, d’après leur rapport, se composait de plus de deux cents maisons ou cabanes. Dans quelques-unes plusieurs familles vivaient ensemble.

Là régnait partout le silence et cette sécurité profonde que pouvait goûter dans le sommeil une contrée qui n’avait jamais vu pareil ennemi. Pour aviser à ce qu’ils devaient faire, ils tinrent de nouveau conseil, et, bref, ils se déterminèrent à se diviser sur trois bandes et à mettre le feu à trois maisons sur trois différents points du village ; puis à mesure que les habitants sortiraient de s’en saisir et de les garrotter. Si quelqu’un résistait il n’est pas besoin de demander ce qu’ils pensaient lui faire. Enfin ils devaient fouiller le reste des maisons et se livrer au pillage. Toutefois il était convenu que sans bruit on traverserait d’abord le village pour reconnaître son étendue et voir si l’on pouvait ou non tenter l’aventure.

La ronde faite, ils se résolurent à hasarder le coup en désespérés ; mais tandis qu’ils s’excitaient l’un l’autre à la besogne, trois d’entre eux, qui étaient un peu plus en avant, se mirent à appeler, disant qu’ils avaient trouvé Thomas Jeffrys. Touts accoururent, et ce n’était que trop vrai, car là ils trouvèrent le pauvre garçon pendu tout nu par un bras, et la gorge coupée. Près de l’arbre patibulaire il y avait une maison où ils entrevirent seize ou dix-sept des principaux Indiens qui précédemment avaient pris part au combat contre nous, et dont deux ou trois avaient reçu des coups de feu. Nos hommes s’apperçurent bien que les gens de cette demeure étaient éveillés et se parlaient l’un l’autre, mais ils ne purent savoir quel était leur nombre.

La vue de leur pauvre camarade massacré les transporta tellement de rage, qu’ils jurèrent touts de se venger et que pas un Indien qui tomberait sous leurs mains n’aurait quar-