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qu’avaient été les évêques de Rome avant que l’Église romaine se fût assumé la souveraineté spirituelle sur les consciences humaines[1].

En un mot il amena la pauvre femme à embrasser la connaissance du Christ, et de notre Rédemption, non-seulement avec admiration, avec étonnement, comme elle avait accueilli les premières notions de l’existence d’un Dieu, mais encore avec joie, avec foi, avec une ferveur et un degré surprenant d’intelligence presque inimaginables et tout-à-fait indicibles. Finalement, à sa propre requête, elle fut baptisée.

Tandis qu’il se préparait à lui conférer le baptême, je le suppliai de vouloir bien accomplir cet office avec quelques précautions, afin, s’il était possible, que l’homme ne pût s’appercevoir qu’il appartenait à l’Église romaine, à cause des fâcheuses conséquences qui pourraient résulter d’une dissidence entre nous dans cette religion même où nous instruisions les autres. Il me répondit que, n’ayant ni chapelle consacrée ni choses propres à cette célébration, il officierait d’une telle manière que je ne pourrais reconnaître moi-même qu’il était catholique romain si je ne le savais déjà. Et c’est ce qu’il fit : car après avoir marmonné en latin quelques paroles que je ne pus comprendre, il versa un plein vase d’eau sur la tête de la femme, disant en français d’une voix haute : — « Marie ! » — C’était le nom que son époux avait souhaité que je lui donnasse, car j’étais son parrain. — « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » — De sorte qu’on ne pouvait deviner par-là de quelle religion il était. Ensuite il donna la bénédiction en latin ; mais Will Atkins ne sut pas si c’était

  1. Voir à la Dissertation religieuse.