Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.

enfin qu’on leur donnerait du blé qu’ils sèmeraient et cultiveraient pour leurs besoins, et du pain pour leur subsistance présente. — Ensuite le vieux Vendredi commanda au Sauvage d’aller trouver ses compatriotes et de voir ce qu’ils penseraient de la proposition, lui affirmant que s’ils n’y adhéraient immédiatement, ils seraient touts détruits.

Ces pauvres gens, profondément abattus et réduits au nombre de d’environ trente-sept, accueillirent tout d’abord cette offre, et prièrent qu’on leur donnât quelque nourriture. Là-dessus douze Espagnols et deux Anglais, bien armés, avec trois esclaves indiens et le vieux Vendredi, se transportèrent au lieu où ils étaient : les trois esclaves indiens charriaient une grande quantité de pain, du riz cuit en gâteaux et séché au soleil, et trois chèvres vivantes. On enjoignit à ces infortunés de se rendre sur le versant d’une colline, où ils s’assirent pour manger avec beaucoup de reconnaissance. Ils furent plus fidèles à leur parole qu’on ne l’aurait pensé ; car, excepté quand ils venaient demander des vivres et des instructions, jamais ils ne passèrent leurs limites. C’est là qu’ils vivaient encore lors de mon arrivée dans l’île, et que j’allai les visiter.

Les colons leur avaient appris à semer le blé, à faire le pain, à élever des chèvres, et à les traire. Rien ne leur manquait que des femmes pour devenir bientôt une nation. Ils étaient confinés sur une langue de terre ; derrière eux s’élevaient des rochers, et devant eux une vaste plaine se prolongeait vers la mer, à la pointe Sud-Est de l’île. Leur terrain était bon et fertile et ils en avaient suffisamment ; car il s’étendait d’un côté sur une largeur d’un mille et demi, et de l’autre sur une longueur de trois ou quatre milles.

Nos hommes leur enseignèrent aussi à faire des bêches