Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On ne donna aux esclaves ni mousquets ni fusils ; mais chacun d’eux fut armé d’une hallebarde, ou d’un long bâton, semblable à un brindestoc, garni d’une longue pointe de fer à chaque extrémité ; ils avaient en outre une hachette au côté. Touts nos hommes portaient aussi une hache. Deux des femmes voulurent absolument prendre part au combat ; elles s’armèrent d’arcs et de flèches, que les Espagnols avaient pris aux Sauvages lors de la première affaire, dont j’ai parlé, et qui avait eu lieu entre les Indiens. Les femmes eurent aussi des haches.

Le gouverneur espagnol, dont j’ai si souvent fait mention, avait le commandement général ; et William Atkins, qui, bien que redoutable pour sa méchanceté, était un compagnon intrépide et résolu, commandait sous lui. — Les Sauvages s’avancèrent comme des lions ; et nos hommes, pour comble de malheur, n’avaient pas l’avantage du terrain. Seulement Will Atkins, qui rendit dans cette affaire d’importants services, comme une sentinelle perdue, était planté avec six hommes, derrière un petit hallier, avec ordre de laisser passer les premiers, et de faire feu ensuite au beau milieu des autres ; puis sur-le-champ de battre en retraite aussi vite que possible, en tournant une partie du bois pour venir prendre position derrière les Espagnols, qui se trouvaient couverts par un fourré d’arbres.

Quand les Sauvages arrivèrent, ils se mirent à courir çà et là en masse et sans aucun ordre. Will Atkins en laissa passer près de lui une cinquantaine ; puis, voyant venir les autres en foule, il ordonna à trois de ses hommes de décharger sur eux leurs mousquets chargés de six ou sept balles, aussi fortes que des balles de gros pistolets. Combien en tuèrent-ils ou en blessèrent-ils, c’est ce qu’ils ne surent pas ; mais la consternation et l’étonnement étaient