Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voir s’en élever un reste de fumée ; mais ils ne purent y découvrir aucun Sauvage Ils résolurent alors d’aller, avec toute la prudence possible, vers les ruines de leur plantation. Un peu avant d’y arriver, s’étant trouvés en vue de la côte, ils apperçurent distinctement touts les Sauvages qui se rembarquaient dans leurs canots pour courir au large.

Il semblait qu’ils fussent fâchés d’abord qu’il n’y eût pas de chemin pour aller jusqu’à eux, afin de leur envoyer à leur départ une salve de mousqueterie ; mais, après tout, ils s’estimèrent fort heureux d’en être débarrassés.

Les pauvres Anglais étant alors ruinés pour la seconde fois, leurs cultures étant détruites, touts les autres convinrent de les aider à relever leurs constructions, et de les pourvoir de toutes choses nécessaires. Leurs trois compatriotes même, chez lesquels jusque là on n’avait pas remarqué la moindre tendance à faire le bien, dès qu’ils apprirent leur désastre, — car, vivant éloignés, ils n’avaient rien su qu’après l’affaire finie —, vinrent offrir leur aide et leur assistance, et travaillèrent de grand cœur pendant plusieurs jours à rétablir leurs habitations et à leur fabriquer des objets de nécessité.

Environ deux jours après ils eurent la satisfaction de voir trois pirogues des Sauvages venir se jeter à peu de distance sur la grève, ainsi que deux hommes noyés ; ce qui leur fit croire avec raison qu’une tempête, qu’ils avaient dû essuyer en mer, avait submergé quelques-unes de leurs embarcations. Le vent en effet avait soufflé avec violence durant la nuit qui suivit leur départ.

Si quelques-uns d’entre eux s’étaient perdus, toutefois il s’en était sauvé un assez grand nombre, pour informer leurs compatriotes de ce qu’ils avaient fait et de ce qui leur était advenu, et les exciter à une autre entreprise de la même