Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/428

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’essayer si je pourrais les amener à parlementer, et par là peut-être à des termes d’accommodement ; — ce qui nous réussit à souhait ; — car il était en effet naturel de croire que, dans l’état où ils étaient alors, ils capituleraient très-volontiers. Ce matelot se mit donc à crier de toute sa force à l’un d’entre eux : — « Tom Smith ! Tom Smith ! » — Tom Smith répondit aussitôt : — « Est-ce toi, Robinson ? » — Car il paraît qu’il avait reconnu sa voix. — « Oui, oui, reprit l’autre. Au nom de Dieu, Tom Smith, mettez bas les armes et rendez-vous, sans quoi vous êtes touts morts à l’instant. »

— À qui faut-il nous rendre ? répliqua Smith ; où sont-ils ? » — « Ils sont ici, dit Robinson : c’est notre capitaine avec cinquante hommes qui vous pourchassent depuis deux heures. Le maître d’équipage est tué, Will Frye blessé, et moi je suis prisonnier. Si vous ne vous rendez pas, vous êtes touts perdus. »

— « Nous donnera-t-on quartier ? dit Tom Smith, si nous nous rendons ? » — « Je vais le demander, si vous promettez de vous rendre, » répondit Robinson. — Il s’adressa donc au capitaine, et le capitaine lui-même se mit alors à crier : — « Toi, Smith, tu connais ma voix ; si vous déposez immédiatement les armes et vous soumettez, vous aurez touts la vie sauve, hormis Will Atkins. »

Sur ce, Will Atkins s’écria : — Au nom de Dieu ! capitaine, donnez-moi quartier ! Qu’ai-je fait ? Ils sont touts aussi coupables que moi. » — Ce qui, au fait, n’était pas vrai ; car il paraît que ce Will Atkins avait été le premier à se saisir du capitaine au commencement de la révolte, et qu’il l’avait cruellement maltraité en lui liant les mains et en l’accablant d’injures. Quoi qu’il en fût, le capitaine le somma de se rendre à discrétion et de se confier