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modèle de toute littérature périodique, dont l’Angleterre a raison d’être fière. — De Foë a été grand philosophe, poète énergique, écrivain éloquent, homme vertueux. De Foë a été l’ami de Guillaume, l’inspirateur de Franklin le précurseur de Jean-Jacques l’instituteur de toute la jeunesse d’Europe depuis un siècle. Que lui a-t-il manqué pour être célèbre ? peut-être la virulence et la mauvaise foi de Swift la vénalité et la versatilité de Dryden, la vanité et la versatilité de Pope, la morgue et l’égoïsme d’Addison. Il avait de trop la superstition de la vertu et le fanatisme du bon sens. Il se battait, don Quichotte de la justice, contre touts les partis qui vivaient d’iniquité. Il s’épuisait, apôtre des idées saines, à lutter contre toutes les idées folles qui germaient et venaient à poindre. Pauvre grand homme ! Il réunissait la bonhomie de l’abbé de Saint-Pierre, l’ironie de Cervantes, la raison claire et calme de Locke, la résolution d’un martyr et d’un apôtre. Tolérant, il avait pour ennemis les intolérants ; éclairé, il étonnait son siècle, qui se riait de lui. Invincible, il irritait les sots et les hommes du pouvoir. Soyez donc en avant de votre siècle ! servez donc l’humanité !

Sur le tombeau même de Daniel la gloire ne s’est pas assise. On ne connaît pas une édition complète de ses œuvres ; et s’il n’avait fait Robinson, livre populaire, adoré des enfants, je ne sais trop si les biographies le mentionneraient.

Les hommes d’état l’ont livré au bourreau ; les sectaires l’ont persécuté ; ses amis l’ont trahi ; son fils l’a tué ; sa rivaux l’ont noirci ; les gens d’esprit l’ont raillé ; les enfants le protégeront.