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liorer. Mes pensées étant dirigées par une constante lecture de l’Écriture sainte, et par la prière vers des choses d’une nature plus élevée, j’y puisais mille consolations qui m’avaient été jusqu’alors inconnues ; et comme ma santé et ma vigueur revenaient, je m’appliquai à me pourvoir de tout ce dont j’avais besoin et à me faire une habitude de vie aussi régulière qu’il m’était possible.

Du 4 au 14. — Ma principale occupation fut de me promener avec mon fusil à la main ; mais je faisais mes promenades fort courtes, comme un homme qui rétablit ses forces au sortir d’une maladie ; car il serait difficile d’imaginer combien alors j’étais bas, et à quel degré de faiblesse j’étais réduit. Le remède dont j’avais fait usage était tout à fait nouveau, et n’avait peut-être jamais guéri de fièvres auparavant ; aussi ne puis-je recommander à qui que ce soit d’en faire l’expérience : il chassa, il est vrai, mes accès de fièvre, mais il contribua beaucoup à m’affaiblir, et me laissa pour quelque temps des tremblements nerveux et des convulsions dans tous les membres.

J’appris aussi en particulier de cette épreuve que c’était la chose la plus pernicieuse à la santé que de sortir dans la saison pluvieuse, surtout si la pluie était accompagnée de tempêtes et d’ouragans. Or, comme les pluies qui tombaient dans la saison sèche étaient toujours accompagnées de violents orages, je reconnus qu’elles étaient beaucoup plus dangereuses que celles de septembre et d’octobre.

Il y avait près de dix mois que j’étais dans cette île infortunée ; toute possibilité d’en sortir semblait m’être ôtée à toujours, et je croyais fermement que jamais créature humaine n’avait mis le pied en ce lieu. Mon ha-