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MOLL FLANDERS

— En effet, dit-il, ce n’était point ta faute, ni la sienne ; c’était une erreur impossible à prévenir.

Il lui reprocha seulement de m’avoir priée de tout cacher et de continuer à vivre avec lui comme sa femme après que j’avais appris qu’il était mon frère ; ç’avait été, dit-il, une conduite vile.

Ainsi toutes ces petites difficultés se trouvèrent aplanies et nous vécûmes ensemble dans la plus grande tendresse et le plus profond confort que l’on puisse s’imaginer ; nous sommes maintenant devenus vieux ; je suis revenue en Angleterre, et j’ai près de soixante-dix ans d’âge, mon mari soixante-huit, ayant dépassé de beaucoup le terme assigné à ma déportation ; et maintenant, malgré toutes les fatigues et toutes les misères que nous avons traversées, nous avons conservé tous deux bonne santé et bon cœur. Mon mari demeura là-bas quelque temps après moi afin de régler nos affaires, et d’abord j’avais eu l’intention de retourner auprès de lui, mais sur son désir je changeai de résolution et il est revenu aussi en Angleterre où nous sommes résolus à passer les années qui nous restent dans une pénitence sincère pour la mauvaise vie que nous avons menée.


ÉCRIT EN L’ANNÉE 1683


FIN