Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/417

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
MOLL FLANDERS

savais faire ses délices : telles que deux belles perruques longues, deux épées à poignée d’argent, trois ou quatre excellents fusils de chasse, une belle selle garnie de fourreaux à pistolets et de très bons pistolets, avec un manteau d’écarlate ; et, en somme, tout ce que je pus imaginer pour l’obliger et le faire paraître, ainsi qu’il était, brave gentilhomme : je fis venir bonne quantité de telles affaires de ménage dont nous avions besoin, avec du linge pour nous deux ; quant à moi j’avais besoin de très peu d’habits ou de linge, étant fort bien fournie auparavant. Le reste de ma cargaison se composait de quincaillerie de toute sorte, harnais pour les chevaux, outils, vêtements pour les serviteurs, et drap de laine, étoffes, serges, bas, souliers, chapeaux et autres choses telles qu’en porte le domestique, le tout sous la direction du quaker ; et toute cette cargaison vint à bon port et en bonne condition avec trois filles de service, belles et plantureuses, que ma vieille gouvernante avait trouvées pour moi, assez appropriées à l’endroit où nous étions et au travail que nous avions à leur donner ; l’une desquelles se trouva arriver double, s’étant fait engrosser par un des matelots du vaisseau, ainsi qu’elle l’avoua plus tard, avant même que le vaisseau fût arrivé à Gravesend ; de sorte qu’elle mit au monde un gros garçon, environ sept mois après avoir touché terre.

Mon mari, ainsi que vous pouvez bien penser fut un peu surpris par l’arrivée de cette cargaison d’Angleterre et me parlant un jour, après qu’il en eut vu les détails :

— Ma chérie, dit-il, que veut dire tout cela ? Je crains que tu nous endettes trop avant : quand pourrons-nous payer toutes ces choses ?

Je souris et lui dis que tout était payé ; et puis je lui