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MOLL FLANDERS

société (de mon fils), ou d’être si près de lui que possible, pourtant je ne saurais songer à rester dans une maison où je vivrais aussi dans une retenue constante de crainte de me trahir dans mon discours, ni ne serais-je capable de réfréner quelques expressions en causant avec lui comme mon fils qui pourraient découvrir toute l’affaire, chose qui ne conviendrait en aucune façon.

Il reconnut que j’avais raison en tout ceci.

— Mais alors, ma chère mère, dit-il, il faut que vous soyez aussi près de moi que possible.

Il m’emmena donc avec lui à cheval jusqu’à une plantation qui joignait la sienne et où je fus aussi bien entretenue que j’eusse pu l’être chez lui-même. M’ayant laissée là, il s’en retourna après m’avoir dit qu’il me parlerait de la grosse affaire le jour suivant, et m’ayant d’abord appelée sa tante après avoir donné ordre aux jeunes gens qui, paraît-il, étaient ses fermiers, de me traiter avec tout le respect possible, environ deux heures après qu’il fut parti, il m’envoya une fille de service et un petit nègre pour prendre mes ordres et des provisions toutes préparées pour mon souper ; et ainsi, je me trouvai comme si j’eusse été dans un nouveau monde, et je commençai presque de souhaiter que je n’eusse point amené d’Angleterre mon mari du Lancashire.

Toutefois, c’était un souhait où il n’y avait pas de sincérité, car j’aimais profondément mon mari du Lancashire, ainsi que j’avais toujours fait depuis le commencement, et il le méritait autant qu’il était possible à un homme, soit dit en passant.

Le lendemain matin, mon fils vint me rendre encore visite presque aussitôt que je fus levée. Après un peu