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MOLL FLANDERS

établir dans la rivière de Potomac à cause que nous y serions bientôt publiquement connus, tandis que si nous allions en aucun autre lieu du monde, nous y arriverions avec autant de réputation que famille quelconque qui viendrait y planter. Qu’ainsi qu’il était toujours agréable aux habitants de voir arriver parmi eux des familles pour planter qui apportaient quelque aisance, ainsi serions-nous sûrs d’une réception agréable sans possibilité d’une découverte de notre condition.

Je lui dis aussi qu’ainsi que j’avais plusieurs parents dans l’endroit où nous étions et que je n’osais point me faire connaître à cette heure, de crainte qu’ils vinssent à savoir l’occasion de ma venue, ce qui serait m’exposer au dernier point ; ainsi avais-je des raisons de croire que ma mère, qui était morte ici, m’avait laissé quelque chose et peut-être de considérable, dont il valait bien la peine de m’enquérir ; mais que je ne pouvais point le faire sans nous exposer publiquement, à moins de quitter la contrée ; qu’ensuite, quel que fût le lieu où nous nous établirions je pourrais revenir sous prétexte de rendre visite à mon frère et à mes neveux, me faire connaître, m’enquérir de mon dû, être reçue avec respect et en même temps me rendre justice. Nous résolûmes donc aller chercher un établissement dans quelque autre colonie, et ce fut d’abord sur la Caroline que tomba notre choix.

À cet effet, nous commençâmes de nous enquérir sur les vaisseaux qui allaient en Caroline, et au bout de très peu de temps on nous informa que de l’autre côté de la baie, comme ils l’appellent, c’est à savoir, dans le Maryland, il y avait un vaisseau qui arrivait de la Caroline, chargé de riz et d’autres marchandises, et qui allait y re-