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MOLL FLANDERS

au gouverneur de la contrée s’il me réclamait. Je lui dis que nous agirions selon ses directions, de sorte qu’il amena un planteur pour traiter avec lui comme s’il se fût agi de m’acheter comme esclave, n’y ayant point l’ordre de vendre mon mari, et là je lui fus vendue en formalité et je le suivis à terre. Le capitaine alla avec nous et nous mena à une certaine maison, que ce fût une taverne ou non, je n’en sais rien, mais on nous y donna un bol de punch fait avec du rhum, etc., et nous fîmes bonne chère. Au bout d’un moment, le planteur nous donna un certificat de décharge et une reconnaissance attestant que je l’avais servi fidèlement, et je fus libre dès le lendemain matin d’aller où il me plairait.

Pour ce service le capitaine me demanda six mille avoir du poids de tabac dont il dit qu’il devait compte à son armateur et que nous lui achetâmes immédiatement et lui fîmes présent, par-dessus le marché, de 20 guinées dont il se déclara abondamment satisfait.

Il ne convient point que j’entre ici dans les détails de la partie de la colonie de Virginie où nous nous établîmes, pour diverses raisons ; il suffira de mentionner que nous entrâmes dans la grande rivière de Potomac, qui était la destination du vaisseau, et là nous avions l’intention de nous établir d’abord malgré qu’ensuite nous changeâmes d’avis.

La première chose d’importance que je fis après que nous eûmes débarqué toutes nos marchandises et que nous les eûmes serrées dans un magasin que nous louâmes avec un logement dans le petit endroit du village où nous avions atterri ; la première chose que je fis, dis-je, fut de m’enquérir de ma mère et de mon frère (cette personne