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MOLL FLANDERS

tin, m’étant trouvée dormir plus longtemps que d’ordinaire, quand je me levai et que je montai sur le tillac, je vis le bosseman, parmi les hommes, à ses affaires ordinaires ; je fus un peu mélancolique de le voir là, et allant pour lui parler, il me vit et vint à moi, et, sans lui donner le temps de me parler d’abord, je lui dis en souriant :

— Je pense, monsieur, que vous nous ayez oubliés, car je vois que vous avez bien des affaires.

Il me répondit aussitôt :

— Venez avec moi, vous allez voir.

Et il m’emmena dans la grande cabine où je trouvai assis un homme de bonne apparence qui écrivait et qui avait beaucoup de papiers devant lui.

— Voici, dit le bosseman à celui qui écrivait, la dame dont vous a parlé le capitaine.

Et, se tournant vers moi, il ajouta :

— J’ai été si loin d’oublier votre affaire, que je suis allé à la maison du capitaine et que je lui ai représenté fidèlement votre désir d’être fournie de commodités pour vous-même, et votre mari, et le capitaine a envoyé monsieur, qui est maître du vaisseau, à dessein de tout vous montrer et de vous donner toutes les aises que vous désirez et m’a prié de vous assurer que vous ne seriez pas traités ainsi que vous l’attendez, mais avec le même respect que les autres passagers.

Là-dessus le maître me parla, et ne me donnant point le temps de remercier le bosseman de sa bonté, confirma ce qu’il m’avait dit, et ajouta que c’était la joie du capitaine de se montrer tendre et charitable surtout à ceux qui se trouvaient dans quelque infortune, et là-dessus il me montra plusieurs cabines ménagées les unes dans la